De son bureau, la fenêtre grande ouverte, Valafein avait cru entendre une voix venue du plus profond de son passé. une voix stridente d'un volatile, entendue pour la dernière fois quand les alguaziles du Roi l'avaient emmené après la bataille de Jaca. Cela lui avait rappelé un visage, un visage buriné par le vent, la pluie, mais aussi le sel marin du temps où son porteur servait sur les galères du roi... un visage toujours bordé d'une barbe de quelques jours ainsi que d'une profonde cicatrice sur la joue...
Antonio ! Antonio ! Antonio !
Non, il ne rêvait pas. D'un bond, il fut hors de sa chambre, dévala les escaliers à la hâte, et se précipita vers la grille... Oui, c'était lui... c'était eux... Une corneille effectua quelque cercle autour de lui tout en scandant son ancien nom...
Lazare... Murmura l'hidalgo...
puis, l'oiseau alla se poser sur les épaules de son maître, un grand cavalier aux cheveux grisonnant, à la barbe poivré sel et au sourire carnassier...
Don Alvaro... Murmura Valafein, les larmes aux bords des yeux.
En l'espace d'un instant, il sembla redevenir le jeune Antonio de la Santissima Libertidad y Bolivar assistant au retour de son maître, el capitan Castrillon et de son meilleur ami, Don Alvaro... Les deux hommes qui l'avaient formé, voir même forgé...
Le passé avait frappé à la porte d'Arzillière et rattrapé Valafein...